Pour modéliser les transferts hydriques dans les parois d’une maison bioclimatique, il est nécessaire de prendre en compte les échanges couplés de chaleur et d’humidité à travers les différents matériaux constitutifs de l’enveloppe. Cette modélisation est essentielle pour garantir la durabilité des parois, le confort hygrothermique et la performance énergétique du bâtiment, notamment lorsque l’on utilise des matériaux biosourcés, souvent hygroscopiques.
Principes de la modélisation des transferts hydriques
Transferts couplés chaleur-humidité : Les transferts hydriques dans une paroi sont généralement modélisés en couplant les équations de conservation de l’énergie (chaleur) et de la masse (eau sous forme liquide et vapeur). Les principaux phénomènes pris en compte sont la conduction thermique, la diffusion de vapeur d’eau (loi de Fick), et le transport d’eau liquide par capillarité.
Matériaux hygroscopiques : L’utilisation de matériaux biosourcés (chanvre, fibre de bois, terre crue, etc.) permet de tamponner l’humidité grâce à leur capacité d’absorption et de restitution de la vapeur d’eau, ce qui améliore le confort intérieur et la régulation naturelle de l’humidité.
Méthodes et outils de modélisation
Modèles numériques : Des modèles numériques, comme ceux intégrés dans les logiciels Delphin ou TEB (Town Energy Balance), permettent de simuler les transferts hygrothermiques à travers les parois. Ces modèles s’appuient sur une résolution des équations différentielles décrivant les transferts de chaleur et d’humidité, en tenant compte des propriétés des matériaux, des conditions climatiques extérieures et des conditions intérieures.
Maillage et résolution : La précision de la simulation dépend du maillage choisi (plus fin pour les matériaux peu perméables) et des méthodes numériques employées (méthode de décomposition LU, schémas explicites ou implicites).
Validation expérimentale : Les modèles doivent être validés par comparaison avec des mesures in situ, afin de garantir la fiabilité des résultats pour différents types de parois et de climats.
Paramètres à intégrer dans la modélisation
- Propriétés des matériaux : Perméabilité à la vapeur, capacité d’absorption d’eau, conductivité thermique, capacité thermique massique, etc.
- Conditions aux limites : Température et humidité de l’air intérieur et extérieur, précipitations, rayonnement solaire.
- Configuration des parois : Épaisseurs, couches successives, interfaces entre matériaux, éventuels ponts thermiques ou défauts d’étanchéité.
- Stratégies de ventilation : Influence sur le renouvellement de l’air et la gestion de l’humidité à l’intérieur du bâtiment.
Exemple d’application : béton de chanvre
Une étude sur le béton de chanvre montre l’importance de prendre en compte à la fois les résistances thermiques et massiques aux interfaces des couches de la paroi. Les simulations numériques permettent d’analyser l’évolution de l’humidité et de la température dans la paroi selon différents scénarios climatiques et stratégies de ventilation, ce qui aide à optimiser le choix des matériaux et la conception des parois pour limiter les risques de condensation et d’altération des matériaux.
A retenir
La modélisation des transferts hydriques dans les parois d’une maison bioclimatique repose sur des outils numériques capables de résoudre les équations couplées de chaleur et d’humidité, en intégrant les propriétés spécifiques des matériaux biosourcés et les conditions d’utilisation du bâtiment. Cette approche permet d’anticiper les performances hygrothermiques, d’optimiser le confort intérieur et de garantir la pérennité de l’enveloppe du bâtiment